07 Mar Evolution des modes de travail
En France, les relations qui lient employeurs et employés ont évolué ces dernières années. Même s’il diminue, le CDI reste très largement majoritaire : 94 % des personnes employées en 1982 le sont en CDI et ce pourcentage baisse à 88 % en 2017. Pendant ce temps, le CDD se développe. Il représentait 76% des embauches en 1993 et il passe à 87 % en 2017. Ces chiffres nous montrent certes une évolution mais pas aussi importante que l’on pourrait imaginer. Ce qui change vraiment, c’est le taux d’entrée en CDD qui a été multiplié par 4 entre 1993 et 2017. La croissance a été modérée jusqu’en 2000, puis est devenue exponentielle. D’après une étude du Figaro (22 juin 2018), la durée des CDD a surtout beaucoup diminué : 112 jours en 2001 et 46 jours en 2017, dont 1/3 de CDD de moins d’une journée. En parallèle de cette évolution, le nombre de travailleurs indépendants s’est développé. Les études et chiffres sont parfois contradictoires sur cette notion selon ce qu’elle regroupe. Les indépendants traditionnels (artisans, commerçants, agriculteurs…) ont une évolution négative, même si les créations dans certains domaines compensent en partie les suppressions. Par contre, l’augmentation est forte dans le secteur des métiers tertiaires qualifiés qui relèvent généralement du salariat et s’exercent de plus en plus dans un cadre indépendant (informatique, design…)
En 2016, l’Insee recense 2.8 millions de micro-entreprises et plus d’un million de créations entre 2014 et 2018. Le portage salarial compte 90 000 salariés portés en 2018 et son nombre sera multiplié par 6 d’ici 2025.
Cette évolution des modes d’emploi trouve de nombreuses explications : précarisation du marché de l’emploi, arrivée de nouvelles générations, affaiblissement de l’institution travail, équilibre vie professionnelle et vie privée, externalisation accrue des entreprises, augmentation de la sous-traitance….Et en parallèle, elle est favorisée par l’émergence de plateformes collaboratives, d’espaces de co-working, de market places qui permettent à des particuliers de proposer leurs services à d’autres (bricolage, ménage…) mais aussi à des entreprises (traductions, informatique…). Ces marketplaces accélèrent le lancement d’activité en mettant en relation l’offre et la demande, elles constituent un moteur important pour le développement du travail indépendant.
Ce développement de l’indépendance fait aussi écho aux profonds changements de la société. Des études nous alertent régulièrement sur la suppression de nombreux métiers, liée à l’automatisation et à la révolution digitale. L’université d’Oxford a publié en 2013 une étude qui indiquait que 47% des métiers présentaient un risque d’automatisation, et donc de suppression à plus de 90%. Une étude similaire menée par l’OCDE réduit ce chiffre à 9%. Alors, pourquoi cet écart ? L’explication tient à la manière dont sont décrits les métiers. Dans le cas le plus alarmiste, le métier correspond à une fiche de poste simplifiée (connaissances et compétences purement techniques). Dans le second cas, le métier recense l’ensemble des tâches avec précision et seule une partie peut être automatisée, ce qui réduit fortement la proportion de métiers à disparaître. Les tâches qui requièrent plus de réflexion et de compétences peuvent plus difficilement être automatisées. La notion de compétences, et la combinaison de ces compétences devient par conséquent plus importante que le métier.
Cette conception intéressante et plus optimiste correspond aussi à l’évolution de la relation employeurs-employés. L’entreprise n’est plus à la recherche de salariés maîtrisant un métier, mais plutôt de compétences qui lui permettent de se développer. Alors face à cette évolution internationale, qui place la compétence comme valeur centrale du travail, je vous recommande la lecture du livre de Jérémy Lamri sur les compétences du XXIème siècle .
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